EcocNews à propos de Molenbeek: ‘La richesse culturelle réside dans la diversité et l’inclusion’

Comme le rapporte ECOC News, il y aura trois Capitales européennes de la culture en 2030. L’une sera désignée par Chypre, une autre par la Belgique, et la troisième sera choisie entre Nikšić (Monténégro) et Lviv (Ukraine). Trois villes sont présélectionnées pour la Belgique : Louvain, Molenbeek et Namur.

Lisez l’article de Mariateresa Cascino :

Molenbeek-Saint-Jean est une commune belge d’environ 80 000 habitants, située dans la Région de Bruxelles-Capitale. C’est un quartier à l’ouest du centre de Bruxelles, caractérisé par une forte concentration d’immigrés. Le toponyme désigne un village doté d’un moulin (en néerlandais molen) qui se trouvait sur un ruisseau (beek), aujourd’hui appelé Molenbeek. La seconde partie du nom provient du nom de la paroisse locale, dédiée à saint Jean-Baptiste.

Pourquoi votre ville a-t-elle décidé de poser sa candidature pour devenir Capitale européenne de la culture ?

Souvent perçue comme un microcosme des défis et des opportunités urbaines en Europe, Molenbeek incarne le potentiel de la culture à favoriser la cohésion sociale et l’innovation. Cette candidature est une occasion de changer les récits, de promouvoir la générosité, de célébrer les talents artistiques locaux et de positionner Molenbeek comme un pôle culturel majeur en Europe.

Les 140 nationalités qui coexistent à Molenbeek ne partagent pas un passé commun — mais elles sont unies par le désir de construire un avenir commun dans un contexte européen. Nous croyons que le pouvoir transformateur du titre de Capitale européenne de la culture peut servir de catalyseur pour cet avenir partagé.

Ce projet va bien au-delà d’un simple titre. Dans un contexte où Molenbeek souffre d’une mauvaise réputation à l’international en raison des attentats survenus il y a dix ans, c’est une occasion déterminante de renverser la tendance et de raconter une nouvelle histoire à l’Europe — une histoire qui commence à Molenbeek mais dont l’écho dépasse largement ses frontières.

Quels sont, selon vous, les mots-clés de votre candidature ?

• Sadaka – L’esprit de générosité, de solidarité, d’empathie et de soutien mutuel profondément ancré dans les communautés de Molenbeek, qui façonne son tissu culturel et social.
• Diversité – Bruxelles, et plus particulièrement Molenbeek, est un creuset de cultures, de langues et de traditions.
• Co-création – La candidature met l’accent sur la collaboration entre artistes, jeunes, habitants et organisations culturelles.
• Transformation – La culture est perçue comme un moteur de renouvellement urbain et social.
• Jeunesse – Molenbeek compte une population jeune dotée d’un immense potentiel créatif.
• Inclusivité – Veiller à ce que toutes les communautés se sentent représentées et valorisées dans les initiatives culturelles.

Comment impliquez-vous les citoyens dans cette candidature ?

L’implication des citoyens est au cœur de notre candidature 2030. Dès le départ, nous avons construit ce projet sur la participation de terrain et la co-création avec plus de 1000 jeunes. Il ne s’agit pas seulement de représenter Molenbeek, mais d’être Molenbeek, avec toutes ses communautés, ses voix et son imagination. Un exemple emblématique de cette approche est Molenfest : un festival communautaire qui sert de vitrine vivante à notre candidature. Avec 68 partenaires, artistes locaux et organisations réunis, Molenfest est devenu une démonstration dynamique de ce à quoi ressemble la création culturelle collective. Il a même reçu le prix Brussels Best Co-Creation, soulignant notre engagement à faire ce chemin avec — et non simplement pour — les habitants.

De plus, d’autres ateliers, forums publics et collaborations artistiques garantissent que la candidature reflète les voix et les aspirations des habitants de Molenbeek. Par ailleurs, les plateformes numériques et les événements de quartier favorisent un dialogue et une participation continus. Molenbeek doit se projeter dans un avenir européen commun, au-delà des divisions. Forts de l’expérience vécue par de nombreux Européens, notre objectif est de créer un « Nouveau Nous ». Les populations et communautés jeunes, superdiverses et extrêmement créatives des Molenbeek européens jouent un rôle clé dans cette transformation essentielle.

Quelles sont les prochaines étapes de votre parcours ?

Les prochains mois seront cruciaux. Nous travaillons actuellement sur la deuxième version de notre dossier de candidature, où nous affinerons notre vision artistique et renforcerons les bases de notre projet. Nous préparons également MolenFest 2, notre événement phare qui donne vie à l’esprit de notre candidature : dans les rues, avec notre population. C’est une célébration de la culture, de la co-création et de l’énergie communautaire. La deuxième édition du festival aura lieu du 3 au 7 septembre 2025. Ensuite, nous nous préparerons à accueillir le jury européen à Molenbeek pour la visite officielle. Nous voyons cela comme une occasion unique de leur montrer, en personne, ce qui rend ce lieu si vivant et plein de potentiel. Enfin, nous nous préparerons pour la dernière présentation devant le jury, où nous raconterons l’histoire de notre ambition commune : faire de Molenbeek une Capitale européenne de la culture dont l’impact dépassera largement 2030.

Que pensez-vous du concours de la Capitale européenne de la culture ?

Ce concours est une opportunité incroyable de redéfinir notre identité culturelle européenne commune, avec Molenbeek en son cœur. Pour nous, il s’agit davantage de coopération que de compétition. En effet, nous avons coorganisé une rencontre à Chemnitz pour renforcer la collaboration entre toutes les villes candidates pour 2030. Ce fut un grand succès ! C’est une occasion de célébrer la diversité, de relever les défis sociaux par la culture, et d’inspirer d’autres villes européennes grâce à une approche inclusive et portée par la communauté.

Obtenir ce titre ne serait pas seulement une reconnaissance internationale, mais aussi un impact culturel et social durable pour Molenbeek et pour Bruxelles dans son ensemble.

Si nous parvenons à relever ces défis à Molenbeek, nous pouvons réussir partout ailleurs.

Lire plus dans la presse

Photos © Aurélien Goubau & Bryan Nicola Maxwell